• Chapitre 16

    Le tonnerre gronde encore et Enala joue avec Suzy. Pierre m'a laissée seule avec Ren, et est parti se coucher. 

    Dos à dos, assis sur la moquette de la salle de musique de mes parents, nous réfléchissons. A lui, à elle, à moi, à toi, à nous, à eux. Nous ne formons plus qu'une seule et même pensée. Nos doigts sont entrelacés et nos esprits aussi. 

    Néanmoins, nous avons avancés. 

    - Et dans tout ça ... commence Ren

    Le tonnerre gronde brusquement et la lumière qui nous éclairés grésille quelques instants puis, vaincu, elle s'éteint. De toute façons, toute ma famille est couché. Ils apprendront demain que les plombs ont sautés. Ren reprends donc :

    - La musique va-t-elle jouer un rôle dans tout ça ?

    Bonne question. 

    - Probablement. Dis-je.

    Bonne réponse. 

    Je l'entends souffler d'épuisement et il murmure :

    - Eh, j'ai pas oublié. 

    - Quoi ?

    - Tu me dois un morceau.

    Une vague de souvenir déferle dans ma mémoire et soudainement, la salle de musique me ré apparaît. Les couleurs du soleil, le résonnement de la voix de Ren et ses doigts qui se baladaient sur chaque cordes de la guitare. Je souris :

    - D'accord.

    Je me lève en abandonnant ses doigts pour poser les miens sur les touches du piano de mon père.

    - Euh .. Dis-je embarrassée. Plus, de lumière, plus de possibilités de lire une partition, tu le sais non ?

    Il réfléchit un court instant et en ouvrant les rideaux il lance :

    - La lumière de la lune n'est pas si mal non ?

    En effet, elle n'était pas si mal. Une vague de rayons de lumière bleus envahit la salle et éclaire mes doigts sur les touches du piano. Devant la fenêtre, les yeux de Ren brille de mille feux éclairés par la lune à elle seule. Son sourire me transperce et ses yeux m'hypnotise. Je sens que je tombe en pleine folie à cause de sa beauté sous la lune alors je murmure :

    - Ouais, pas si mal ..

    Et, tournant les partitions pour trouver mon morceau, il vient s'adosser au piano et en fermant les yeux me lance :

    - C'est quand tu veux.

    Puis, un do, un la, et un ré s'enchaîne dans les aigus, de plus en plus beau, de plus en plus mélancolique. Ma main droite chante une mélodie et la main gauche en dessine le paysage. 

    La musique m'envoûte et je joue, encore et encore, à n'en plus finir mon morceau. Je le créer, l'improvisation s'impose à moi comme une évidence et je joue. Mes doigts gambadent le long des touches, pour redescendre, sauter et danser. 

    Ren, les yeux toujours fermés, sourit. 

    ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

    Après avoir jouée, je suis allée me blottir contre Ren et nous nous sommes assis par terre, face à la fenêtre, contre le piano. 

    - Tu joues vraiment bien. 

    Je ne répond pas. Je n'ai pas envie. Je suis bien là, à ne rien laisser passer la barrière de mes lèvres mais simplement contempler la lune, et le visage de Ren. Pourtant, mes pensées vagabondent, encore et toujours, vers Amy. 

    Je revois son visage enfantin et enjoué la première fois que je l'ai rencontrée. Et je fais la comparaison avec la description de Kakeru, de son visage crispé et baigné de larmes.

    Mais c'est à ce moment là, que Ren me chuchote doucement :

    - J'ai une idée.

    ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

    Le lendemain matin, je retrouve Ren devant le lycée, avec Kakeru.

    - Salut, je viens tout juste de le mettre au courant. 

    - OK, dis-je. Alors ... exécution !

    Nous rentrons en cours. Je ne suis pas étonnée de recevoir des "Bonjour Léanna ! Comment vas-tu ?" à tout bout de champs depuis que nous avons joués notre concert. Je m'asseois à ma place et Amy est devant moi, toute naturelle. Elle se retourne et dit :

    - Eh, on peut oublier ce qu'il s'est passé hier s'il te plaît ?

    Son grand sourire me charme mais, en serrant les poings je répond sèchement :

    - Non.

    Elle hausse un sourcil, étonnée. Puis, en marmonnant un "bon ..." elle se retourne.

    Le professeur entre en classe. Nous sommes dans un cours de Philosophie, première L oblige ! Comme à chaque cours, le professeur demande à un élève de proposer un thème. Ren lève la mains et toutes les filles se mettent à murmurer, le rouge au joue. 

    - Oui ? demande le professeur.

    - Eh bien comme thème monsieur, j'en ai plusieurs, répond Ren.

    - Dit-les, nous verrons.

    Il se racle la gorge et avec un discret coup d'oeil vers moi il commence :

    - Premièrement : Le Pardon. Dans la vie de notre groupe de musique, il s'est produit une chose dont nous n'étions pas tous au courant, une chose qui mérite une réflexion sur ce thème.

    La classe écarquille les yeux en nous regardant tour à tour Ren, Kakeru, Amy et moi. Kakeru et moi leurs sourions, Amy, elle, baisse la tête.

    - Deuxièmement, la nostalgie, la mélancolie, appelez cela comme vous le souhaitez, pour moi, je l'appellerai la Musique. Puisque la musique est dans le monde entier un sujet de joie, je pense qu'elle a un rapport avec dernier thème qui suit : L'amour.

    Silence. La classe est sans voix, les bouches sont ouvertes mais rien ne se dit. Le professeur se masse le crâne puis, dans un soupir demande :

    - Combien d'heure de cours avons nous aujourd'hui ?

    - Deux heures, dis-je.

    Il réfléchit une dernière fois et dans profond regarde vers Ren il dit :

    - Commençons par le Pardon.

    « Chapitre 15Chapitre 17 »

  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment



    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :