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Je m’interroge au sujet de la lune.

Si je suis glacée jusqu’au sang malgré ma couette, que le noir me terrorise malgré les étoiles et que le silence m’angoisse malgré le vent, qu’en est-t-il d’elle tout là-haut ?

C’est qu’être lune doit demander beaucoup de courage au milieu de la nuit. Il faut être forte pour confronter tant d’obscurité, toute seule … Être la proie éternelle des curiosités enfantines sans jamais pouvoir les consoler du noir qu’elle essaie tant bien que mal de dissiper ; cette mission qui ne fut jamais vraiment accomplie semble bien être vaine.

Voilà pourquoi, je m’interroge. Quelle tristesse que d’être lune, synonyme de solitude. Les étoiles ne sont pas suffisantes à lui tenir compagnie : trop nombreuses, les hommes se penchent davantage sur leur sujet que sur le sien. Dès lors, elle sombre à nouveau dans une solitude profonde tandis que ses fausses compagnes sont les premières louées et exaltées sur terre.

C’est vrai qu’elle n’est pas bien belle la lune. Simplement ronde, dénuée de toute originalité, simplement blanche, privée de toute émotion. Elle ne réchauffe ni ne refroidit, elle contemple sans rien dire le malheur tout comme le bonheur. Elle n’invite ni à la compassion, ni à la haine. Elle n’est que lune, rien que lune, et pourtant sa présence déborde dans la nuit, sa persévérance depuis la création du monde est admirable.

Qu’elle est étrange la lune, lorsqu’elle se pare d’un voile de nuage …

Dans ces soirées-là, j’aime à croire qu’elle se cache un moment derrière eux pour reprendre son souffle, pleurer quelques poussières d’étoiles et reprendre la scène de la nuit comme si de rien n’était, simple anonyme de tous les jours.

Ce soir donc, les yeux tournés vers toi, lune, je m’enquiers de ton bonheur. Comment vas-tu, seule, tout là-haut ?

Neyu