• Chapitre 17

    Je ne vous raconterez pas le cours, parce que je l'ai à demi écouté (étant donné que moi et la philosophie ne sommes pas des bonnes amies) et parce que je ne pourrai pas vous répétez le charabia de ces mots incompréhensibles et trop longs pour moi qui suis trop simple. En revanche, je peux simplement vous dire qu'Amy a écouté, que Ren a posé beaucoup de question et que je me suis endormie. 

    Dans le local de musique, le silence règne. Je suis assise face au piano et je joue une simple mélodie accompagnée d'accords si timides qu'ils sont presque inaudibles. Kakeru fixe sa tablette sans dire un mot, les bras croisés. Ren est adossé à la fenêtre, la guitare enfilé mais muette. Amy est avec son violon, à côté de moi, et ne dit pas un mot. 

    Et Yuuki, assis devant sa batterie, a abandonnée ses baguettes qui ont roulées sous sa chaise. Lui s'est adonnée à la tristesse, la tête dans les bras, croisés sur ses genoux.

    Comment vous expliquez le silence, si pesant, si simple et si compliqué à la fois qui règne ? Seul mon piano joue encore. Puisque je suis la seule qui ne vit que pour la musique.

    Je joue, encore et toujours pendant vingt minutes. Mon piano dépose une symphonie de couleurs dans cette salle qui autrefois débordé de rires. Elles ne viennent pourtant pas égayer le visage de chacun. 

    Mais je croix en son pouvoir.

    Alors, déterminée, je joue. Oui, je joue, et je chante même. Mes doigts parcours le clavier à la recherche d'un do, d'un si, d'un mi qui viendrai faire sourire Amy, Yuuki, Kakeru, et Ren. Et je continue, un la, un ré, un fa. Fa dièse, une touche de majeur pourrai peut-être détendre l’atmosphère ?

    Puis mon morceau mineur, si timide et remplie de bémols si triste commence soudain à se transformer en une mélodie aux accords parfaits et joyeux, une mélodie majeur, en fa dièse. Je chante, d'une voix sans crainte, l'histoire de notre rencontre à tous. Je chante, d'une voix sans peine, l'histoire de nos désaccords. Et je chante d'une voix pleine de vie, l'amour qui nous réunit tous ici. 

    Soudain, un nouvel instrument rentre dans ma chanson. Ren joue quelques accords majeurs, peu audible pour qui n'a jamais entendu sa guitare un jour. Il m'accompagne, et je reste l'instrument majeur. 

    Kakeru sourit, mais ne joue pas. Il ne pourrait pas jouer ce que je joue avec une tablette ! Mais son sourire me donne déjà de nouveaux sons tous aussi beaux les uns que les autres.

    Puis, le son d'un violon timide rentre en jeux. 

    Vous savez, lorsque vous pleurez, quelqu'un vous a-t-il déjà dit : "Pleure, mais assure toi de bien avoir pleuré pour ne plus le faire avant longtemps." ? C’est le cas de son violon, dont j'entends encore les dernières larmes coulées.

    Yuuki ne se joint pas à moi. Mais je ne lui en veux pas, sa véritable passion reste le kendo ! Alors, je décide de jouer pour lui et pour son pardon, sa musique et l'amour qu'il porte pour Amy. Je crois que c'est un accord que Ren, Amy et moi avons pris, donc en jouant nous nous tournons vers lui et Ren s'approche. Il lui tapote gentillement l'épaule avec sa guitare et Yuuki lève la tête baignée de larmes. 

    Pourtant, nous continuons à jouer.

    Sauf Amy, qui d'un bond, pose son violon et, se plaçant devant Yuuki, presque à genou chuchote quelque chose que mon piano et que la guitare de Ren font s'envoler dans les oreilles de Yuuki. Cette chose si belle qu'elle vient de prononcer et qui dès à présent n'appartient plus qu'au cœur de Yuuki.

    Les yeux suppliant elle le regarde attendant le verdict, ses mains serrant celles de Yuuki qui, se mordant les lèvres, lui répond dans un murmure inaudible. En entendant sa réponse, Amy fond en larmes et se jette dans ses bras. Il attendait ça depuis si longtemps qu'il la serre tendrement, comme si elle était de cristal. 

    Ren et moi nous sourions, Kakeru rit doucement et nos instruments emporte Amy et Yuuki qui s'embrasse fougueusement devant nous.

    A ce moment là, plus rien. Mes mains s'arrête en l'air, Ren se garde de jouer un seul accord. Mais, je ne peux pas m'empêcher et je hurle un "Bravo !" d'admiration à Amy qui à enfin répondu ce qu'attends Yuuki depuis des années. Ren vient taper amicalement dans le dos de Yuuki et Kakeru applaudit.

    Nous sommes littéralement fou de joie et Amy, se détachant des bras de Yuuki vient s'enfouir dans les miens en riant. 

    - Tu vois quand tu veux, dis-je amusée.

    - C'est grâce à ta musique que j'ai pu avoir le courage de faire ça. Rétorque-t-elle.

    - Non, notre musique Amy ! 

    - Oui oui, notre musique ! Lance-t-elle.

    Après un dernier dialogue, elle vient se placer à côté de Kakeru qui lui parle et Ren et moi allons parler à Yuuki.

    - Que t'as t-elle dit ? demande Ren

    - Une chose merveilleuse.

    - J'hésite entre une déclaration ou entre un pardon, dis-je.

    - Tu as raison d'hésiter, répond-il énigmatique.

    Sur ce, il regarde Amy, la dévorant des yeux. Ren me regarde et en posant sa main sur ma taille il dit :

    - J'ai l'impression que le cours de philo l'a bien fait réfléchir.

    Je lui souris et en posant un baiser sur sa joue je réponds :

    - Je crois bien oui !

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    Sur le chemin du retour, Ren et moi pensons. 

    A cette histoire.

    Que je vous ai raconté du fond du cœur avec un plaisir immense. Cette histoire qui aurait pu finalement porter pour nom "Je ne crois pas au hasard". Parce que le hasard n'existe pas. C'est quelque chose d'autre qui a fait que nos chemins se sont croisés, que la musique est devenue ma passion et qu'elle a peut-être une nouvelle valeur à vos yeux. Appelez ça comme vous voulez, "le destin", "la vie". Mais pas le hasard. Moi j'ai trouvé le mot qui convient et il me va parfaitement. A présent, je vous laisse le trouver à votre tour, cherchez bien, il n'est pas si difficile. 

    Si cette chose à fait que nos chemins se sont croisés, que vous avez lu cette histoire jusqu'au bout et qu'à présent vous croyez au pouvoir si grand de la musique, c'est que cette chose est vraiment, vraiment extraordinaire. 

    Souvenez-vous en : le hasard n'existe pas, mais ce mot qui est unique est différent pour chaque personne, lui, existe bien. Il est merveilleux.

    Et la musique aussi, bien sûr.

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