- Alors, comment ça c'est passé ton premier cours de kendo ? 

En rentrant du lycée, les cheveux encore un peu humide à cause de ma douche, Pierre est venu me donner son tee-shirt troué. Il me pose cette question, assis sur mon lit, pendant que je recouds son habit.

J'adore parler avec lui. Nous sommes très proche, je lui dit tout, comme il me dit tout. C'est vraiment reposant de pouvoir m'abandonner à lui. 

La question me fais sursauter et je me pique avec l'aiguille :

- Aïe ! 

Je me mords les lèvres, car l'aiguille a piquer très très profond et que mon doigt saigne abondamment. Pierre me tend son mouchoir et je presse la plaie avec. Je souffle un coup et je répond à sa question :

- Mon capitaine est un glaçon ! Il est froid et prétentieux, et il n'arrête pas de rabaisser tout le monde !

Le ton que j'ai employé était vraiment .. colérique. Pierre hausse un sourcil, signe de curiosité absolu chez lui, et continu :

- J'espère que tu lui en as fait voir de toutes les couleurs alors.

- Ne t'inquiète pas pour ça, il en verra longtemps. Répliquai-je.

Un sourire en coin, il murmure un petit : "Je ne m'inquiète pas, bien au contraire.." ce qui me tire une once de bonne humeur.

La plaie s'arrête de saigner et je rends le mouchoir à Pierre qui ira le laver. 

- Et tes amis, il ne t'ont pas prévenu que ton capitaine serai comme ça ?

- Si si, enfin non. Pff .. Ils étaient dubitatifs on va dire. Je sais qu'Amy et Ren était très pensifs. Ren n'arrêtait pas de me poser des questions aussi.

Pierre baisse la tête et réfléchit un long moment durant lequel je réussi enfin à rétablir l'état de son tee-shirt. Je lui le tends, fière de moi et il dit :

- Tu devrais demander à Ren et Amy ce qu'ils savent de ton capitaine. Et merci couturière pour le travail !

La dernière phrase chantonnée avec son plus beau sourire, il se retire de ma chambre.

Au repas, mes parents et Paul discute de son audition qui est dans deux jours. Nous irons tous le voir, et ça lui fait très peur. J'essaie de le rassurer, mais c'est sans résultat ! C'est ça, la musique. On l'apprends joyeusement, et on l'a fait découvrir aux autres ! Qui à leurs tours, deviennent joyeux ...

Mais la musique c'est un univers tout aussi magnifique que la joie !

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Le lendemain, le professeur nous annonce que nous n'aurons pas cours cet après-midi. Les élèves sautent de joie, et moi aussi. Intérieurement. 

Lorsque nous sortons des cours, Amy propose à Ren et à Kakeru de venir au C.D.I avec nous. Nous allions y emprunter quelques livres pour les examens, quand soudain, je croise Yuuki. 

- Salut niveau 1. Susurre-t-il entre ses dents.

- Hypocrite. Dis-je en échange.

Puis je me rappelle de ce que m'as dit Pierre. Je m'arrête et Amy me demande :

- Qu'est ce qu'il y a ? Pourquoi tu t'arrêtes comme ça ?

Nous sommes devant la porte du C.D.I et Kakeru, Ren et Amy me regarde sans comprendre. Je bégaie :

- Euh .. J'ai une question. 

Je déglutis et continue :

- Pourquoi est-ce que vous étiez si dubitatifs hier, lorsque je vous aie parlé de Yuuki Rin ?

Le regard de Ren se durcit et Amy sourit. L'un, tout à fait opposé de l'autre, je m'attends à tout sauf à une même réponse venant des deux. 

- C'est parce qu'il n'est pas de bonne réputation ! Il est très froid envers les autres et le fait qu'il soit en Terminale ne doit pas exclure la politesse. Enfin, c'est ce qu'il n'a pas compris. Réponds Amy. 

Je tourne la tête vers Ren pour savoir sa réponse mais il ne semble pas décidé à me dire un mot. J'acquiesce comme si de rien n'était et nous entrons dans le C.D.I.

Ce que j'aime dans cet endroit, c'est l'odeur. L'odeur des livres. Plus le livres est grand; plus l'odeur est forte, et plus elle est forte, plus je me sens bien. C'est peut-être pour ça que dans ma chambre, je souris sans cesse. 

Cet endroit entouré de milles et unes histoires, comme de milliers d'informations sur le monde, comme de milliers de poèmes au rimes envoûtants. Ce lieu où, comme à chaque fois, je passe des heures et des heures sans quitter un livres sans l'avoir finit. 

Amy et Kakeru s’enfoncent loin dans la salle pour trouver une table tranquille sur laquelle ils travailleront les langues. Quant à moi et Ren, nous en prenons une autre, plus discrète où nous irons travailler les sciences. Nous y posons nos sacs, puis nous nous engouffrons dans ces étagères enchantées.

- Sciences, sciences scien .. C'est là ! Fit-il en découvrant un livre bleu au reflets argentés. 

Il le tire de son étagère, le regarde tout émerveillé, et je me penche par dessus son épaule pour lire à voix basse :

- " Découverte de l'univers et de ses lumières." Tu aimes la sciences toi, Ren ?

Il esquisse un sourire en signe de "oui". Je lui dit que moi, je déteste ça, et il me répond qu'il va m'apprendre à aimer ça.

Je ne pensais pas qu'une heure et demi plus tard je réussirai à retenir que  la Force de la gravitation est égale à la constante gravitationnelle multiplié par la première masse qui est elle même multipliée par la deuxième masse qui sont divisée par la distance au carré ... Les sciences sont passionnantes. Les maths, un peu moins ...

Une heure et demi durant laquelle Ren m'a fait retenir toutes sortes de formules .. Toutes aussi inutiles qu'utiles. 

Après deux heures acharnées sur la constante gravitationnelle et la force gravitationnelle, nous sortons pour aller au distributeurs de canettes. J'en prend une au fruit tropical et Ren prend une limonade. Puis, je me lance :

- Bon, je vois très bien que tu n'as pas envie de me dire ce qui se passe entre toi et Yuuki ou alors tu ne veux pas qu'Amy et Kakeru l'entende mais moi je veux savoir. Etant donné que Yuuki est MON capitaine et que je ne le supporte pas avec son caractère de glaçons, je te demande pour la dernière fois : Pourquoi tu as un problème avec lui ?

Surpris d'abord par ma question, il me fixe quelques secondes, ahurit. Puis il se reprends, boit un bon coup et me réponds calmement :

- Pas ici. En salle de musique.

Je ne comprends pas tout de suite, mais il me prends par le bras et m’emmène jusqu'au lieu dit. En traversant les nombreux étages de l'établissement, les gens nous regardent étonnés. Ren me tiens l'épaule et me fait avancer devant lui. D'ailleurs, il commence à me faire très mal ...

Une fois dans la salle, il me lâche (à mon grand soulagement !), ferme la porte brutalement et s'en va s'appuyer contre le rebord de la fenêtre. 

Moi, je vais m'asseoir, face au piano. Noir et blanc. 

Et je sens bien que la réponse de Ren sera parée elle aussi de ces deux couleurs ...