- Non, ce n'est pas tout à fait ça. Répète pour la énième fois Ren

Amy accorde son violon et moi la puissance du son de la basse. Je tourne encore une fois la roulette de l'amplificateur et Ren m'arrête :

- Stop ! C'est ça.

Je soupire de soulagement. Cela fait plus d'un quart d'heure que je règle le son. Amy sourit :

- Allez, essayons celle-ci.

Elle nous tends deux partitions de musique. Nous passons dix minutes à la réviser chacun de notre côté. Pourtant ... Cette musique est bien trop facile. Je veux dire .. Ren me coupe et s'adresse à Amy :

- Dis, je ne sais pas combien d'année de violon tu as fait mais ce morceau est de niveau 3 pour Léa et moi, alors que ça fait plus de 8 ans qu'on fait de notre instrument.

Léa. C'est le surnom qu'il me donne depuis deux jours maintenant.

Le silence s'installe mais malgré ça, Amy ne perd pas son sourire si énigmatique. Elle s'approche de Ren et lui tends six autres feuilles. Il les prends et les feuillettes vite. Je vois son visage se décomposer petit à petit jusqu'à ce qu'il réussisse à articuler :

- Je retire ce que j'ai dit !

Amy rit de sa belle voix mélodieuse et je l'accompagne. Ren sourit et se remet à réviser sa musique tandis qu'Amy me tends à moi aussi des partitions ... complexes.

Nous avons une semaine avant la prochaine réunion de club. Pendant ce laps de temps, nous devons nous entraîner à apprendre cette musique ! 

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Lorsque midi sonna, Amy, Ren et Kakeru, un ami de Ren, allèrent manger dehors. 

- Je vous rejoindrai après. Ai-je dit.

Je descends les escaliers et je file au self, m'acheter de quoi grignoter. Ce matin, je n'ai pas eu le temps de me préparer mon repas. Merci Paul, Thibaud et Enala ! 

En payant mon pain au chocolat  et ma brique de lait, j'attrape plusieurs serviettes en papiers. Je traverse le couloir en courant, et j'essaie tant bien que mal de ne pas glisser avec mes chaussons. Je m'arrête devant mon casier, j'enfile mes chaussures et je m'engouffre dans la cours pour ensuite rejoindre le petit groupe qui m'attends sous un platane d'un vert chatoyant.  

- Désolé pour l'attente ! articulai-je essouflé.

- Pourquoi as-tu couru ? demande Kakeru. 

Je déglutit, m'assied entre Ren et Amy, mord un bon coup dans mon déjeuner et répond :

- Pour ne pas vous faire attendre !

Embarrassé par une remarque logique, Kakeru s'empourpre et continu de dévorer son bento. Je souris et dirige la conversation sur un autre sujet :

- Bon, je viens d'arriver dans l'établissement et je ne connais pas trop tout ce qu'il faut savoir. Comme le règlement, les personnes fréquentable ou pas, les clubs etc. En plus de ça, vous ne semblez pas du tout décider à m'expliquer tout ça !

Ren interromps son repas et commence :

- Premièrement pour les personnes à fréquenter ou pas, c'est à toi de te faire ton opinion. 

Amy enchaîne :

- Deuxièmement, il n'y a rien à savoir sur les clubs, mis à part ceux dans lesquels tu t'es inscrite, à savoir : celui de Musique et de Kendo. 

Kakeru fini :

- Troisièmement, le règlement est dans le carnet de correspondance.

Je n'ai pas le temps de répliquer, que Ren s'étouffe avec sa brioche. Son visage devient de plus en plus rouge et prise de panique je lui tapote le dos en lui donnant une serviette en papier (prise au self) afin qu'il recrache ce qui lui bloque la respiration. Kakeru pose sa main sur son épaule et l'encourage jusqu'au moment où, le méchant bout de brioche coincé dans sa gorge est enfin avalé, Ren attrape violemment ma main par le poignée et demande soudainement :

- Tu es dans le club de kendo ?!

Surprise je ne réponds pas, mais Amy acquiesce à ma place. Ren, abasourdit, bégaie :

- M .. Mais .. Pourquoi .. ?

Question stupide, réponse stupide :

- Eh bien .. Parce-que j'aime ça .. 

- Tu connais le capitaine ? Il t'as acceptée ? 

J'hoche la tête et il détourne les yeux en marmonnant :

- Tu seras la seule fille dans ce club.

A mon tour de m'étouffer et de reprendre :

- Ah bon ?!

Kakeru aussi semble surpris. Ren ne répond pas et continue à manger pensivement sa brioche d'une main. Car l'autre tiens toujours la mienne.

 

J'attrape mon sabre dans son étui bleu foncé, mon sac comportant l'amure que je porte habituellement aux entraînements, et je dévale les marches menant à la gare.

J'ai déjà perdu une demi heure à préparer Paul et Thibaud pour l'école et en plus de ça il fallait que ... 

- ... fermeture des portes.

Je m'engouffre aussi vite que possible à travers les portes qui se referment sur mon pieds droits et je m'étale de tout mon long sur la banquette du train. 

Je me relève en titubant et en ramassant mes affaires puis, je m’assois au fond du wagon. Là, je sors mon téléphone et je commence à tapoter sur les touches pour expliquer à Amy que je dois m'inscrire dans le club de kendo en même temps que celui de musique. Très vite, elle me répond positivement (ce que j'attendais) et j'éteins mon portable.

Je suis bien chargé. Armure de kendo, sabre de kendo, sac de sport et sac de cours. Les gens me regarde amusé et malgré moi, j'en ris aussi ! 

Le train avance et bientôt 25 minutes passent à toute allure. 

Les portes s'ouvrent, je sors, je marche. Droit devant. J’aperçois des gens de ma classe, et ils me saluent de loin. Bientôt, j'arrive devant les portes du lycée et je me dirige vers les locaux de sports. Deux jeunes hommes s'ont acoudé à une table et, en me voyant arrivé, arrête de discuter.

- Où se trouve le club de kendo ? demandai-je

Ils semblent surpris mais l'un d'eux répond :

- Au fond à droite. Le capitaine du club s'appelle Yuuki Rin. Il est en troisième année.

Je le remercie vivement et je fonce aussi vite que possible au club. Je frappe à la porte et l'on me répond un vague "Entrez !". J'ouvre et j'entre en silence.

Le local est très, très propre. Il est éclairé par des néons très doux et la fenêtre ouverte amène une bonne odeur de fraîcheur. Ici et là sont disposé des tableaux encadrant des diplôme de kendo, de paysages japonais calme et de sabre magnifique. Au fond, sur une chaise isolé, un garçon est assis et essaie de trier plusieurs livres dans leurs bons compartiments. 

- Pourrai-je parler à Yuuki Rin, s'il vous plaît ?

Sans se retourner, l'inconnu répond :

- C'est moi.

Je m'avance lentement en observant encore une fois ce local très agréable pour me trouver face à face avec le jeune trieurs de livres. 

- Que veux-tu ? demande-t-il froidement.

Je ne me démonte pas, et je dis :

- Je suis Leanna Clesia et je voudrais m'inscrire dans votre club de kendo. 

Pour la première fois, il s'arrête de ranger. Levant la tête vers moi, j'aperçois son visage. Fins et élancé, les yeux bruns, et les cheveux blonds. Pas mal pour tout dire. Mais bien trop froid à mon goût !

- Pourquoi ?

Je soupire.

- Parce que j'aime le kendo. 

Il sourit.

- Et moi j'aime ta réponse.

Avec son doigts, il pointe la table au centre de la salle. 

Je m'y rends et je complète vivement le formulaire d'inscription. Je le lui tends tandis qu'il m'explique les horaires :

- Le lundi juste après les cours, le Vendredi juste avant les cours. Mercredi après-midi aussi, mais ce n'est pas obligatoire. Tu peux poser tous tes bagages dans ce casier, voici les clefs.

J'obéis pendant qu'il range mon inscription dans un tiroir gris et me lance :

- A plus.

- A ce soir. Répondais-je.

Je quitte le local, allégée. Je trottine vers la salle de cours dans laquelle je suis considérablement en avance. Je m’assois, sort un livre et me plonge dans son histoire ...

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- Hey. 

Je sursaute et regarde Ren s'asseoir juste devant moi. Il m'a surprise ... Je me reprends néanmoins très vite et je lui rend son salut. 

- Tu lis quoi ? 

- Un livre. 

Il sourit :

- J'avais compris. 

Je ne réponds pas, et lui non plus. Il enlève sa veste, remonte ses manches, accroche son sac et me demande :

- Tu es inscrit dans le club de musique, n'est ce pas ? Amy m'y a ajouté. Ca te vA si je fais la basse ? 

Je répond, enthousiasmé (trop à mon goût d'ailleurs) :

- Non pas du tout ! Ton morceau d'hier était très beau. 

Il rit et me lance :

- Tu m'en dois un.

Et sur ça, il quitte les lieux en me laissant seul avec cette phrase.

 

- Pff !

Je m'étale sur mon lit, comme une crêpe. La journée de rentrée est toujours la plus dure, enfin, d'après ma mère. Eh bien ... J'ai rencontré Amy, violoniste incroyable et Ren, guitariste plus que surdoué. Ma classe est tout sauf ennuyante, mon professeur est vraiment sympa et ...

- Lé ?

Je me lève brusquement et je me retourne vers ma petite sœur, Enala. C'est la plus petite de la famille. Elle a trois ans et demi. En premier, il y a Pierre, qui a quatorze ans. Puis, Suzy qui en a douze, Paul en a huit et Thibaud en a cinq. Enala ferme le rang ...

- Qu'est ce qu'il y a ? demandai-je avec mon plus grand sourire en avançant vers elle.

Elle sanglote doucement "Lé", mon surnom. Puis se jette dans mes bras et je la serre fort jusqu'à ce qu'elle se calme et continu :

- Napoléon m'a griffé ... ! Dit-elle en me montrant sa main droite, toute écorchée.

Lui, c'est notre chat. Il est, en général, plus que sympathique il se laisse faire toujours caresser sauf avec Enala. Il faut dire qu'elle est assez petite et fragile, elle ne se rends pas compte lorsqu'elle fait mal au chat. 

Je la porte dans mes bras en je me rend à la cuisine. Là, j'attrape Napoléon et fait semblant de le faire s'excuser.

- "Désolé Enala ..." Imitai-je en secouant ce chat (qui ne réagit absolument pas).

Elle rit de sa voix claire et enfantine et lui explique que ce n'est pas grave. Satisfaite, j'appelle de l'aide pour mettre la table.

Au même moment, un garçon châtain aux yeux bleus foncés se présente à moi avec son téléphone dans les mains et une jeune fille blonde au reflets roux et aux yeux vert avec un sourire radieux. 

Pierre et Suzy !

- Mettez la table s'il vous plaît.

Ils répondent un "oui" en cœur et s'exécute. 

- Lé, lé, l'est où Paul ? demande Enala.

- A sa leçon de piano.

Dans ma famille chacun à sa préférence. Paul aime jouer du piano à Enala et elle aime l'écouter. Suzy, elle, apprécie fortement discuter chant et dessin avec moi, qui adore parler jeux vidéos et rêve avec Pierre. Et Thibaud aime plus que tout jouer avec Enala et faire de la trompette avec Paul. 

C'est un peu compliqué, mais on s'y habitue vite.

Les parents rentre et chacun explique sa rentrée. Huit à table, huit version différentes, huit voix joyeuses, et huit personnes de même famille.

Huit est vraiment mon chiffre préféré.

Le repas terminé, la vaisselle propre et Enala et Paul couché, je m’assois contre la fenêtre de ma chambre et observe les étoiles en silence.

Chez moi, tout est naturel, mon caractère, mes pensées, mes gestes.

En cours, c'est autre chose. 

J'ai moins de joie de vivre ...