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Il ouvre les yeux, mais il n'y a rien.

Aucune lumière, aucun son : ni chanson, ni flamme, rien que le noir, l'obscurité, le néant. Les émotions ne viennent pas, les mots n'existent pas. Cependant, cette voix si douce persiste. Où est-elle ? Il cherche. Mais seul le noir l'accompagne. Le vide l'emporte mais la voix reste. L'obscurité et le néant ne le lâchent pas, il se débat, il bouge, il recherche, il crie, mais le noir l'étouffe et la peur le gagne.

Pourtant, il n'abandonne pas.

Il s'accroche, cette voix l'appelle, il recherche, il hurle, et en y mettant tout son cœur, il essaie d'ouvrir les yeux plus grands encore mais le noir n'en devient que plus puissant. Il se sent oppressé, enfermé, prisonnier. La vie lui échappe, l'espoir aussi.

Mais, il n'abandonne pas.

Cette voix lui dit de continuer, alors il le fait. Il donne des coups, il frappe le vide, le néant se joue de lui et le noir rit, mais lui s'accroche. A la vie et à l'espoir.

Puis, une lumière.

Petite, douce. Un infime éclat d'abord, puis un petit souffle de soleil. C'est si faible, presque imperceptible. Mais qu'importe : la lumière est là, présente. Elle brille, alors il va vers elle et il tente de l'attraper. Jaloux, le néant tente de l'en empêcher mais sa détermination est bien trop forte. Cette lueur qui se présente à lui se dessine comme l'opportunité de sa vie, alors il approche, il approche si vite, il ne la perd pas de vue. Il en a rêvé si longtemps, il est là pour la toucher et pour la découvrir. Le noir à soudain peur et il fuit devant la puissance de la lumière ; d'une si petite lumière pourtant.

Il arrive.

Ses ennemis le lâchent et il se sent délivré. Enfin, il peut avancer sans retenue. Sans crainte, sans peur, sans doute. Seule une petite question l'arrête : "mais enfin, qui es-tu ?" demande le monde, un brin agacé par le tumulte de son combat contre le néant. La curiosité, l'admiration, et la joie entrent en lui et il rit d'un rire d'audacieux, de ceux qui ose défier le brin de vie d'un éclat d'humain. "Je suis à peine, dit-il, mais je deviens si vite".

Puis, dans un ultime geste, l'audacieux touche la lumière. Voilà, il vient d'attraper la vie.

Il vient tout juste de naître, et par cela d'être.

Neyu

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Un sourire est tombé dans la neige.

Lourdement et lentement. Il s'y est déposé sans vie et sans espoir. Le chagrin venait juste de le transpercer. Ses larmes se sont peu à peu transformées en glace. 

Le froid s'est tant emparé de lui que la forêt entière en est bouleversée. Des petits flocons ont essayé de le calmer mais ses sanglots les ont brisés. 

Eux aussi sont tombés dans la neige. Elle les as étouffés. Elle leurs a arraché l'espoir.

A mon tour, je tombe dans la neige. 

Le blanc si froid et si dur se joue de moi et je pleure.

Mais larmes gèlent et en tombant je réalise qu'elles ne vont rendre la chute qu'encore plus douloureuse. Je meurs à petit feu, un feu si froid, si blanc. La colère me ronge mais la tristesse me mord. Ma bouche, dénuée de sourire, laisse jaillir un hurlement de peur et le froid me gifle pour avoir offensé son règne. 

Et mon hurlement tombe dans la neige.

Ça y est, la neige s'est emparée de lui.

Et de moi. Je suis tombée. Je grelotte et en mourant j'essaie d'ouvrir les yeux.

Il n'y a que du blanc et du froid. Mais plus loin, j'entends mon sourire. Il gémit et me dit, de m'accrocher, de me relever, de vivre. 

Je réponds que je ne peux plus mais il répète sans cesse le même verbe. Vivre. Mais que veux tu ? Nous ne pouvons plus rien faire.

Toi et moi nous sommes au même endroit.

Nous sommes pareils. 

Toi aussi tu es tombé dans la neige.

Neyu

***

Une goutte, puis deux, puis trois, et il se met à pleuvoir. L'ombre s'avance dans la fraîcheur de l'hiver et j'enfouis la tête dans mon écharpe. Tes pas résonnent à mes côtés, et le chant des oiseaux accompagne cette pâle saison.

Un centimètre, puis deux, puis trois et tu me tiens la main. La chaleur de tes doigts se répand dans mon corps et la forêt s’éclaircit. Le crissement de la neige sous notre poids semble rire de notre amitié tandis que le chêne délivre son odeur pour nous faire sourire et oublier le malheur.

Un rire, puis deux, puis trois et le son de ta voix résonne au loin. Je te regarde joyeuse puis je ris à mon tour afin de donner envie aux autres de profiter de chaque instant. Ton écho s'en va jusque dans la brume du matin et disparaît dans l'obscurité de la nuit.

Une goutte, un centimètre et un rire font de ce jour mille souvenirs ...

Neyu