• Photograph Adorable little girl, writing letter to Santa, sitting ...

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    Papa,

    J’écris cette lettre parce que maman vient de me dire que tu étais partie. Elle m’a dit que ça irait, que tout se passerait bien tant que je souriais. Mais papa, je n’ai pas envie de sourire. En fait, depuis que tu es parti, j’ai plus du tout envie de sourire.

    La fois dernière que je t’ai vu, tu m’avais dit quelque chose comme « qu'elle est jolie ma petite fille, je risque d’avoir des difficultés à te protéger plus tard! ». Je ne sais plus très bien, c’est flou dans ma tête. Lorsque tu m’avais offert ces mots, je n’imaginais pas que ce serait la dernière fois que tu m’adresserais la parole. Sans trop le savoir, j’ai souris à ta remarque, comme je l’ai toujours fait. C’était devenu habituel de t’entendre dire ce genre de chose, simplement parce que tu es mon papa. Et c’est parce que tu es mon papa que tu dois rester à mes côtés.

    Si je n’ai pas vraiment prêté attention à tes derniers mots, et si c’est pour ça qu’ils sont encore flous dans ma tête, c’est parce que ta présence était une habitude quotidienne dans ma vie. Te voir, t’entendre, t’écouter, c’était normal. Parce que tu es mon papa. Parce que je suis ta fille. Je n’ai jamais réalisé que ta présence pouvait s’enfuir à tout moment. Un papa, ça reste pour prendre son enfant dans ses bras et pour lui chuchoter qu’il va s’en sortir. Ça ne doit pas partir. Ça dois rester.

    Maman essaie de te remplacer en me disant que tout va pour le mieux, mais elle n’y arrive pas trop. Je crois que j’ai compris pourquoi : maman et papa c’est différent. Il y a des choses qu’elle peut faire, mais pas toi. Comme il y a des choses que tu peux être le seul à réaliser, et qu’elle ne pourra jamais faire. C’est parce que vous êtes différents que vous vous complétez à merveille.

    Un jour tu m’as dit que tu avais choisi maman parce qu’elle savait faire toutes les choses que tu ne savais pas faire. Vous étiez tous les jours dans la même maison alors tout allait bien. Elle t’aidait, tu l’aidais, et moi je vivais. Quand maman est venue me dire que tu étais partie, c’est comme si j’avais entendu une explosion dans ma tête. Ca m’a piqué les yeux et quand j’ai pleuré ma gorge a beaucoup brûlé. Je ne sais pas bien ce qui se passe en moi, et je n’arrive pas à comprendre pourquoi c’est très dur. Ce que j’ai pu saisir, c’est que tu n’es pas partie comme les autres fois. Tous les matins tu prenais la voiture pour aller travailler, mais tu es toujours revenu le soir pour manger avec nous et me dire bonne nuit. Cette fois, j’ai compris que tu avais pris la voiture mais que tu n’avais plus l’intention de venir me dire bonne nuit tous les soirs. Quand j’ai réalisé ça, j’ai vraiment eu très mal. Tu peux revenir, s’il te plaît ?

    Je suis peut-être petite, et j’ai encore beaucoup de chose à apprendre, mais il y a des émotions que je connais déjà bien. La tristesse, je crois que c’est celle que je connais le mieux maintenant. Je n’ai pas encore réussi à mettre les bons mots sur tout ce que ma tête veut te dire. Je pense que c’est parce que je suis trop petite pour connaître tous les grands mots que maman et toi vous lisiez dans les livres du salon. Mais si je ne peux pas te dire ce que c’est, je suis capable de te dire ce que ça me fait sentir dans mon cœur.
    J’ai très mal quand je pense à toi, et j’ai envie de pleurer dès que je vois maman toute seule dans la maison. J’ai compris que tu me manquais beaucoup, beaucoup. Je n’aime pas ça du tout. J’aime pas avoir mal. Normalement quand c’est douloureux, tu viens souffler sur ma plaie pour me dire que c’est rien. Je sais que c'est de la triche si je te demande ça, mais j’ai très mal au cœur depuis que tu es partie …

    Tu peux venir souffler sur ma blessure, s’il te plaît ?

    Ta "jolie petite fille".

     

     

    Neyu

    Inspiré de "Daddy - Codplay"

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    Je l'aime; ce souffle, ce mot, cet appel.

    Une nuit de printemps, accompagnée de ses odeurs florales, j'ai rêvé de ce souffle, qui transperçait mon cœur pour aller se perdre dans la brume éphémère de mon âme. Sans un bruit, il a laissé tomber quelques lettres sur son passage.

    Un matin d'été, souriant de lumière du soleil, je les aies réunies et elles ont formé ce mot. Lorsqu'il eut enfin une signification pour moi, il entra dans mon esprit pour aller traverser mes lèvres. Avec un bruit doux, il s'en ait allé, laissant derrière lui une passion naissante.

    Un après-midi d'automne, sous la pluie musicale et rythmique d'un piano, j'ai découvert que le temps avait passé, la passion avait poussée. Désormais, elle était ancrée dans mon cœur, dur et solide.

    Une soirée d'hiver, lorsque les flocons se posaient sur mes cheveux blonds, j'ai entendu un écho dans la forêt de mes pensées. Un appel irrésistible et muet, droit vers un rêve conçu pour y graver mon passage. J'ai posé un pied sur le tapis blanc de la forêt, il s'y est enfoncé, il y a trouvé un appui, un refuge, une force, et je me suis élancée.

    Tout droit vers cet appel sans nom.

     

     

    Neyu

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  • Rallumons les étoiles 

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    "Il est grand temps de rallumer les étoiles."

    Celles qui, autrefois, palpitaient dans ton regard et me chantaient à tue-tête à quel point la vie était belle. Celles qui encourageaient le monde à danser pour rien et à sourire pour tout. Celles qui ne s'éteignaient jamais et qui ne brûlaient que plus encore lorsque la pluie arrivait.

    Oui, il est temps. Depuis ce jour, lorsque je les cherche dans ton regard, je ne vois plus d'étoiles. Elles se sont envolées, comme par magie. Je me dis qu'elles reviendront, les étoiles brillent si fort qu'elles doivent bien se reposer à un moment où un autre. Mais au plus profond de moi, je sais que le vent les a éteintes et qu'elles sont toujours là à attendre. Quoi ? Un souffle de vie. Un joli brin de sourire. Une petite touche de joie. Sais-tu que moi aussi j'attends ? Je me languis de ta voix qui faisait vibrer mes pensées, de ta fossette cachée au-dessus de ta joue qui se dévoilait lorsque tu souriais, de ton rire qui s'envolait lorsque tu chantais à pleine voix.

    Dis-moi, pourquoi les as-tu perdus ? Tous ces trésors qui faisaient de toi ce que tu étais, toutes ces qualités, si nombreuses soient-elles … pourquoi ? que s'est-il passé ? Tes mots se sont enfuis et avec eux les rires et les sourires qui ornaient mes journées.

    Je t'ai observé. Je sais que tu vas mal. Je le sens. Tes yeux se posent sur le soleil quand tu regardes par la fenêtre, mais pas pour l’admirer : ils semblent lui envier sa lumière. Ils lui supplient une touche d'étincelle qui viendrait les raviver. La nuit, ce sont les miens qui se raccrochent aux étoiles. Elles me rappellent ton regard d’antan, aujourd’hui privé de sa source de vie ; toi toute entière.

    J'ai pensée aux nombreuses façons de pouvoir t'aider, j'ai imaginé des plans si incongrus que le monde entier s'en moquerait. Oh si seulement tu savais à quelle point ta douleur devient mienne, à quel point je veux me mêler à tes larmes, à quel point la vie n'est plus aussi belle que ce que tu m'avais décrit.

    Retournons marcher au bord du ruisseau pour y jeter des pierres et y faire des vœux qui jamais ne se réaliseront. Allons courir dans la forêt en cherchant les recoins secrets qui nous menaient autrefois dans nos pays inconnus aux noms magiques. Nageons dans l'océan de nos pensées. Chantons dans l'univers de nos musiques. Dansons dans les livres de notre enfance. Reviens sur tes pas, retrouve ton chemin, rappelle-toi. 

    Reprends les armes que tu as abandonnées et repartons combattre le monde auquel nous n'appartenons pas. L'objectif qui trône en moi à présent se trouve en toi : je veux rallumer les étoiles de ton regard.

     

     

    Neyu

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